Débarquement du navire du Kaiser au port de Tanger, bombardement de Casablanca par les français, Déploiement militaire au large d’Agadir,… Le Maroc, convoité par les puissances européennes, a failli être à l’origine de la Première Guerre mondiale.
En ce début de siècle, le Maroc est objet de toutes les convoitises. Paris avance qu’il est tout à fait naturel qu’il tombe dans le giron français. Et cela, au nom du droit de voisinage. Puisque l’Algérie est française depuis des décennies. Les arguments de l’Espagne semblent encore plus fondés à l’opinion coloniale européenne. Ils allient histoire et géographie. De fait, la puissance ibérienne a un pied-à-terre sur les côtes nord du Maroc depuis le quinzième siècle. Et seuls quatorze kilomètres séparent l’Espagne de l’Empire chérifien. En plus, pourquoi s’interdire de recréer un nouvel al-Andalus sur la rive-sud de la Méditerranée où cohabiteraient Moros et Européens. Ainsi, l’utopie co-existentielle pourrait se réaliser de nouveau, mais sous la tutelle de ces derniers. Ce ne serait que justice puisque les premiers ont pu, il y a plus de mille ans, traverser le détroit et prospérer pendant huit siècles sur l’autre rive. La Grande-Bretagne, la puissance maritime la plus importante à l’époque et qui contrôle l’entrée nord du détroit de Gibraltar depuis le dix-huitième siècle, ne peut se désintéresser non plus du sort du sultanat aux potentialités si prometteuses. Et surtout, Londres voit d’un mauvais œil l’installation du coq français sur le bord-sud de l’entrée occidentale de la Méditerranée. Cela représente un danger stratégique pour ses intérêts dans le bassin méditerranéen et le Proche-Orient. L’Italie n’est pas en reste et veut avoir sa part du gâteau nord-africain. Quant à l’Allemagne, décidée à rattraper son éveil tardif à l’aventure coloniale, elle est prête à tout et même à la guerre pour défendre ses « droits » de puissance industrielle montante. Bismarck considérait, il y a un quart de siècle déjà, que la « poire tunisienne » devrait revenir à son pays.
Par Maâti Monjib
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merci pour cette l’article