Chanté par les uns, honni par d’autres, décrit longuement par des poèmes et évoqué dans le Coran, l’alcool, et notamment le vin, occupe une place particulière dans la culture arabo-musulmane.
Trois histoires, trois personnages et trois exemples qui illustrent les rapports entretenus par les Arabes avec l’alcool avant et après l’avènement de l’Islam. Le premier est celui d’un certain Abou Ghabshan, grand dignitaire de la tribu Khoza’a, qui avait l’honorable charge de protéger et entretenir la Kaâba, le sanctuaire mecquois, lieu de pèlerinage vénéré par les Arabes. Lors d’une soirée bien arrosée, Abou Ghabshan, commet l’impensable : ivre, il vend les clefs de la Kaâba et les cède à Qossay, chef d’une tribu rivale, qui devient désormais le protecteur du Lieu Saint. Depuis cet épisode, «Le contrat d’Abou Ghabshan» désigne dans la langue arabe un pacte où une partie se fait berner et perd la mise.
La deuxième histoire implique un personnage mythique, paré de toutes les vertus et considéré comme un héros de l’Islam : Hamza, oncle du prophète Mohammed. Après une beuverie très animée, Hamza sort éméché de chez lui et croise sur sa route son neveu Ali, gendre du Prophète et futur calife. Sans aucun motif raisonnable, Hamza s’en prend à Ali, l’insulte et mutile deux de ses chameaux. Alerté par les témoins, le prophète Mohammed se déplace rapidement sur le lieu de l’altercation et tance son oncle qui était encore sous l’emprise de l’alcool. Selon certains historiens et compilateurs des hadiths, cet incident est parmi les raisons qui expliquent le changement de position de l’Islam à l’égard de l’alcool, vers davantage de restrictions.
Par Abdellah Tourabi