Le fait miraculeux comme composante de la littérature hagiographique raconte les vies des saints et les parcours des zaouias. Notre tradition culturelle est imprégnée d’éléments et de croyances hagiographiques.
Une idée reçue voudrait que, dans la tradition culturelle islamique, l’écriture de l’histoire se limite aux chroniques dynastiques qui prennent souvent une forme politico-militaire. En fait, le champ de l’histoire était beaucoup plus large, car le terme tarikh a d’abord renvoyé à la datation. L’historien pouvait donc s’intéresser à une multitude d’objets situés dans le temps, notamment les villes, les généalogies des tribus et des familles de chorfa et de notables (ansab), les élites religieuses et culturelles. Ainsi, la littérature des tarajim (biographies) traitait des fouqahae et des ouléma, et la littérature des manaqib (hagiographie, du grec hagios, sacré) traitait des walis et des zaouias. L’hagiographe écrivait ainsi l’histoire d’un seul personnage. Il recensait parfois les saints d’une lignée, d’une ville, d’une région ou d’un siècle donné. Et dans tous les cas de figure, le miracle du saint est un élément central, que ce soit pour l’hagiographie « savante » ou pour l’hagiographie « populaire », sauf que la première fixe les récits par l’écrit, alors que la seconde s’autorise à multiplier les variantes à travers la transmission orale.
Pour la recherche moderne sur l’histoire du Maroc, les manaqib constituent des sources incontournables, non seulement pour l’étude de la sainteté, mais aussi pour différents aspects de l’histoire politique, sociale et culturelle, car les walis et les zaouias ont représenté une dimension structurante de notre histoire.
Par Abdelahad Sebti
Lire la suite de l’article dans Zamane N° 68