Illustre nom parmi ses pairs du XXe siècle, Jacques Majorelle est incontestablement le peintre qui a été le plus marqué par le Maroc colonial. Pinceaux en main, il traversera monts et vallées à la quête du charme et des caractères d’un pays auquel il scellera son destin et qui, quarante ans après, deviendra sa seconde patrie.
Jacques Majorelle n’était pas que ce peintre qui, par un art raffiné, savait peindre des paysages, rendre des mouvements, scruter des états d’âme par un jeu de couleurs qui lui a conféré une place parmi les grands noms de l’art moderne. Il était aussi témoin d’un monde évanescent, celui d’un Maroc qui émergeait d’une longue hibernation. Déjà Delacroix allait inaugurer ce qui deviendra une tradition : avec le célèbre tableau du sultan Mohammed Ben Abderrahmane en 1832, puis celui de Noces juives les deux grands chefs-d’œuvre de son expérience marocaine, il pavera la voie à Matisse et à d’autres grands noms. Mais c’est Majorelle qui aura un dessein marocain, à l’instar de Fromentin pour l’Algérie. Fils d’artiste, né le 7 mars 1886 à Nancy, Jacques Majorelle débarque à Marrakech en octobre 1917, dans la foulée des opérations dites de « pacification ». À cette époque, il traîne déjà un riche legs, d’abord familial, puisqu’il descend d’une famille rompue à l’esthétique ; puis personnel, puisqu’il a déjà vécu au Caire, puis dans la haute Égypte.
Par Hassan Aourid
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