Difficile aujourd’hui de croire que le protectorat au Maroc n’ait pas été taillé sur mesure pour le maréchal Hubert Lyautey. Cet homme est décrit comme le père de l’Etat marocain moderne. Il laisse une trace indélébile sur un pays qu’il dirige de 1912 à 1925. Il en comprend les institutions, les rouages, les hommes et bâtit une politique à même de les sauvegarder. Mais en réalité, même si Lyautey se taille la part du lion chez les historiens, au moment de signer le Traité de Fès, Paris est à mille lieux de penser à l’officier qui œuvre à l’époque sur le terrain algérien. Prévu comme un protectorat et non pas comme une colonie, la France souhaite placer à la tête du Maroc un civil expert dans la gestion administrative. Le profil le plus logique qui se dégage n’est autre que le rédacteur du Traité de Fès : Eugène Regnault. Ce diplomate confirmé est en poste à Tanger lorsque la France s’apprête à prendre possession du Maroc. La fonction de premier résident général du Maroc lui est naturellement réservée. Seulement un coup de théâtre vient contrecarrer les plans de Paris. A la signature du Traité, Fès se soulève et des émeutes éclatent. La situation sécuritaire devient alarmante, d’autant que le risque de contamination à tous le pays est bien réel. Seul un militaire expérimenté sur le terrain maghrébin peut faire l’affaire. Ce sera Hubert Lyautey. C’est ainsi que le destin du Maroc bascule.
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le plan du général Lyautey. Il est simple comme tout plan bien militaire. Il consiste « principalement dans l’envoi d’un bataillon au milieu de chaque tribu ». Seulement, il faudra attendre, pour l’exécution, la soumission des tribus, et cette soumission on va la hâter en cernant les plus belliqueuses. Alors on dé -tachera des colonnes mobiles qui iront placer les bataillons. C’est simple, mais beaucoup trop simple. Cela revi -ent à dire que quand on aura soumis les tribus, on y enverra des garnisaires.
Évidemment ils n’auront plus grand chose à faire et le succès de l’opération sera alors complet.
Reste ce petit point obtenir la soumission des tribus au moyen de, colonnes volantes. Nous les connaissons, celles- ci. Pour tous les hommes de bonne foi, c’est de massacre préparé pour de longs mois encore, une honte nou velle infligée à la nation, une haine légitime semée parmi les indigènes. Nous ne voyons pas bien l’avantage que présente le plan Lyautey sur le système d’Amade Nous avons déjà eu la méthode du général Drude. Elle n’a pas plu et le général a été rappelé. (L’Humanité)