Qui n’a pas entendu parler de Salah Eddine Al Ayyoubi, plus connu en Occident sous le nom de Saladin ? Le célèbre vainqueur de Hattin en 1187, ennemi respecté de Richard Cœur de Lion, conquérant de Jérusalem et protecteur des dhimmis (juifs et chrétiens bénéficiant d’un statut de protégés), est l’un des plus grands héros de la mémoire collective arabe. Durant toute la seconde moitié du XXe siècle, on a ainsi assisté à la redécouverte de son épopée guerrière et politique : Saddam Hussein s’en est réclamé, Damas lui a érigé une superbe statue et des groupes palestiniens ont pris le nom de ses victoires les plus célèbres (Hattin notamment), Youssef Chahine lui a même consacré un de ses plus gros films à succès. Le hic, c’est que Saladin n’est tout simplement pas arabe. Issu d’une famille kurde, il est né vers 1138 dans la ville de Tikrit (également lieu de naissance de Saddam Hussein). Son père y est alors gouverneur, au service de la dynastie turque seldjoukide des Zankides, eux-mêmes vassaux du calife abbasside de Bagdad. Saladin parviendra justement à jouer de la division entre les califes abbassides sunnites et les Fatimides chiites qui règnent sur l’Egypte, pour s’emparer du Caire (1167), de Damas (1174) et d’Alep (1183). Il meurt en 1193. Ce Kurde, protégé des Turcs, un temps vassal d’une dynastie chiite et, dans le même temps, rendant des comptes à un calife arabe et sunnite, symbolise à ce jour une éphémère synthèse musulmane.
Aucun Résultat
View All Result
Très bon à savoir ! Un parfait pour faire faire la distinction entre arabe et musulman.
Bien sûr, il est kurde.