Il y a 20 ans, le défunt roi Hassan II assiste aux côtés de Jacques Chirac au traditionnel défilé militaire à l’occasion de la fête nationale française. C’est sa dernière apparition publique. Le monarque décède neuf jours plus tard. Récit d’une journée historique…
Le corps fatigué mais le regard vif. Au crépuscule de sa vie et de son règne, Hassan II attire toujours autant les regards. En France surtout, où le personnage fascine depuis son intronisation le 3 mars 1961. Depuis, le roi a vu défiler tous les présidents de la Vème République depuis Charles de Gaulle à Jacques Chirac. C’est probablement avec ce dernier qu’il tisse l’amitié la plus sincère. L’année charnière de 1999 est d’ailleurs celle du « Maroc en France », preuve s’il en fallait de l’attachement de Jacques Chirac au royaume dont le chef est son invité de marque. Jamais, depuis la libération de la France en 1945, des troupes étrangères n’avaient défilé de la sorte sur les Champs-Elysées. C’est donc avec émotion que Hassan II attend de voir ses hommes parader dans les rues de Paris. Tout de rouges vêtus, les silhouettes des soldats chérifiens se dessinent au pied de l’Arc de Triomphe. Face à une foule attentive, ces hommes pénètrent « la plus belle avenue du monde » au son de l’hymne de la Marche Verte. Puis, à l’approche de la place de la Concorde où se situe la tribune présidentielle, la troupe joue la Marseillaise, rendant ainsi hommage au pays hôte. Enfin, les officiels se lèvent, le Président Chirac aux côtés de Hassan II, drapé dans sa djellaba blanche, regard concentré et presque sévère, guettant la prestation de sa Garde. Représentée à Paris par 500 soldats, la Garde Royale, corps d’armée créée sous les Almoravides au XIème siècle, est considérée par beaucoup d’historiens comme la plus ancienne armée encore en activité au monde. Celle qu’on appelle aussi la « Garde Noire » car à l’origine composée d’esclaves subsahariens, a parfaitement rempli sa mission, générant des applaudissements nourris du public français.
Hassan II, fatigué mais visiblement satisfait, échange des regards complices avec son homologue français. Il se doute que cette visite en France est l’une des dernières. Malgré son état de santé, Hassan II ne se contente pas d’assister au défilé. Dans la capitale française, il enchaine plusieurs rendez-vous de travail avec les ministres et le chef de l’Etat. Il est question de la coopération bilatérale mais aussi de la situation politique au Maroc, où l’avènement d’un gouvernement d’alternance est salué en France.
Le 23 juillet, soit neuf jours plus tard, Hassan II s’éteint. Il sera à nouveau le principal acteur d’un autre défilé gigantesque, celui de ses funérailles.