L’affaire Mohamed Khider n’est pas qu’algérienne. Elle est tout aussi marocaine, ne serait-ce que parce que ce dirigeant historique de la révolution algérienne repose pour l’éternité dans le cimetière des martyrs à Casablanca, pas loin de l’emblématique Zerktouni.
Ce grand leader algérien, on le sait, fut « mangé » par la révolution qu’il avait attisée, avec d’autres historiques. Il fait partie, avec Abbane Ramdane, assassiné par ses frères d’armes au Maroc pendant les combats pour la libération, Krim Belkacem, et peut-être Amirouche, de ce passé composé de la révolution algérienne. Ironie de l’histoire, qui réserve le plus sinistre sort aux meilleurs de ses enfants, comme pour Barat, comme pour Trotsky, comme pour Ben Barka ou Omar Benjelloun. Et plus tard Boudiaf.
L’omerta qui a longtemps pesé sur l’affaire Khider, assassiné à bout portant par « un type au faciès maghrébin » selon les rapports de la police espagnole, un 3 janvier 1967 à Madrid, a été quelque peu dissipée quand le pouvoir algérien avait baptisé du nom du dirigeant historique l’aéroport de la ville de Biskra (la ville natale de Khider), mais c’est certainement le livre de Tarik Khider, intitulé « L’affaire Khider, histoire d’un crime d’Etat impuni », qui secoue l’omerta et lève un voile sur l’affaire, et rappelle cette autre loi de l’histoire, similaire à celle de la physique, que rien ne s’oublie et qu’on demeure comptable de ses faits et méfaits. Des faits refoulés, tus ou déniés, rattrapent toujours, et expliquent toujours, les raisons de l’échec, ou d’un échec.
Par Hassan Aourid
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