Seul à travers le long parcours de sa vie, Rabi Abdelkébir a pu asseoir une carrière que beaucoup considèrent comme exemplaire et que lui trouve tout simplement normale. Un artiste pour lui est un être comme les autres, il n’a pas plus de valeur que le menuisier, le jardinier ou le mécanicien. Il assume son rôle dans la société.
Un artiste qui a poussé l’abstraction à sa limite. Dans le processus d’abstraction, il procède par retranchement : effacer les superfluités pour ne garder que l’essentiel. Un trait, un geste, une simple touche de couleur… Ce que certains croient un début de l’œuvre, dans le travail de Rabi, il est aboutissement. Son parcours, sa vie, sont partie intégrante de sa peinture et de sa réflexion sur l’art.
Pour arriver à ce stade d’abstraction, Abdelkébir Rabi a traversé un long chemin. Est-ce que le retour sur sa vie personnelle, sa naissance, sa formation, seront utiles à la compréhension de ce travail ?
L’histoire d’une famille arabo-amazighe
Il est né à Boulemane, une localité amazighe au cœur du Moyen Atlas située sur la route caravanière qui reliait, et relie toujours, le Tafilalet à Fès. Tout passait par ce chemin ; l’art, les avoirs et le savoir. La famille, le grand père, était venu étudier à Fès, mais sur le chemin du retour, au début des années 1930, les amazighs de Boulemane lui proposèrent un poste de maître d’école, de chef de prière et de guide des âmes. Le métier que faisaient pratiquement tous les lettrés avant l’avènement de l’école moderne.
Par Moulim El Aroussi
Lire la suite de l’article dans Zamane N°111 (Février 2020)