Un ex-agent des services secrets israéliens a confessé récemment avoir participé à la disparition du corps de Mehdi Ben Barka. Ce n’est pas la première fois que la piste du Mossad est formellement identifiée.
Le premier témoignage public et crédible sur la disparition du corps de Mehdi Ben Barka depuis un demi-siècle passe presque inaperçu. Il s’agit de celui de Rafi Eitan (photo), célèbre agent du Mossad à la retraite. Dans une émission de la télévision israélienne, diffusée le 1er décembre dernier, l’ex-agent se livre à une étonnante confession. Il aurait été sollicité par Ahmed Dlimi pour faire disparaître le corps de l’ancien leader de l’UNFP à Paris. Il déclare avoir répondu favorablement à la demande de ce dernier, à l’époque chef du Cab1, les services secrets du régime de Hassan II. Ben Barka a été enlevé devant la brasserie parisienne Lipp, le 29 octobre 1965. Depuis, l’enquête menée par la justice française s’est révélée incapable de trouver la moindre trace confirmant la mort du Marocain. Pourtant, l’instruction ne semble pas prendre sérieusement en compte cette dernière révélation. Une position étonnante au vu des détails précis, livrés par Rafi Eitan qui raconte les conseils qu’il a livrés à Ahmed Dlimi : « Pour nous débarrasser du corps, tu dois aller acheter une certaine quantité de chaux et la brûler, parce que la chaux brûle le corps tout entier et ne laisse aucune trace, et c’est ce qui est arrivé ». L’ancien espion va même jusqu’à donner le lieu où il aurait mené cette sinistre opération : « Dans un bois au nord-est de Paris où les agents du Mossad avaient l’habitude de faire des pique-niques avec leurs familles ». Ygal Bin-Nun, historien israélien qui s’intéresse de près à l’Affaire Ben Barka, nous apporte une précision de taille : «Rafi Eitan m’a déjà fait les mêmes révélations en 1998». Il ajoute qu’à la même époque, il en informe le juge Patrick Ramaël, alors magistrat en charge de l’instruction du dossier. Pourquoi ce dernier n’en a-t-il pas fait mention ? Un élément de réponse nous est livré par Bachir Ben Barka, fils du défunt et président de l’Institut Ben Barka : « Bien évidemment, nous avons insisté sur l’éventuelle implication du Mossad dans l’affaire. L’instruction est parfaitement au courant. À ma connaissance, la justice française a demandé à l’État israélien l’ouverture de ses archives. La réponse est un non catégorique ». Les déclarations de Rafi Eitan sont-elles hors du contrôle de son gouvernement ? En attendant une communication officielle du parquet de Paris, le témoignage de Rafi Eitan demeure un coup d’épée dans l’eau.