La plus grande catastrophe naturelle de l’histoire contemporaine du Maroc ne se contente pas d’ôter des vies et de détruire une ville. Elle redistribue les cartes politiques, renforce la légitimité de certains et en décrédibilise d’autres. Des conséquences qui changent le visage du royaume.
Le Maroc n’est pas encore remis de la catastrophe qu’il subit une nouvelle tragédie. Quasiment un an jour pour jour après le séisme d’Agadir, le roi Mohammed V meurt sur la table d’opération dans le cadre d’une intervention annoncée pourtant comme bénigne. Le 26 février 1961, une page de l’histoire du royaume se tourne. Une nouvelle ère débutée peut-être en cette triste nuit du 29 février 1960, lorsqu’une violente secousse rase la perle du Souss. Agadir, ville martyre, vient alors de subir la plus grande tragédie de son histoire. Le bilan du séisme est terrifiant. Plus de 12.000 personnes meurent sous les décombres, soit presque un tiers de la population totale. Les blessés se comptent également par dizaines de milliers et des quartiers, pour la plupart musulmans ou juifs, sont rayés de la carte. Sans le savoir, Mohammed V entre dans sa dernière année de règne. Elle commence par un immense et sincère chagrin. Mais le souverain n’est pas fataliste. Lors de son discours adressé à la nation le lendemain de la catastrophe, il exhorte ses sujets à l’action : « La parole est incapable de décrire cette calamité. L’heure n’est pas aux discours, car ceux que Dieu a sauvés attendent de nous des actes de solidarité, mais non point des pleurs et des paroles ».
Par Sami Lakmahri
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