Il est l’un des pères fondateurs de la littérature marocaine d’expression française. Il est aussi le sauveteur du patrimoine marocain. Et pourtant, certains se demandent encore qui est Ahmed Sefrioui, cet homme dont les écrits ont été conspués, avant d’être salués des deux côtés de la Méditerranée. Le récit de sa vie.
Ahmed Sefrioui fait partie des rares personnes ayant laissé une trace de leur passage sur terre. Mais il l’a fait sans bruit, dans la plus grande modestie. Et pourtant, voici une liste (non exhaustive, ce serait trop long) de ses actions. Le (quasi) fondateur de la littérature marocaine francophone ? C’est lui. Les musées du Batha, des Oudaya et de Bab Rouah ? Encore lui. La réhabilitation de la muraille des Andalous à Rabat ? Ou encore la conception du jardin du Chellah? Sefrioui aussi. Son héritage est palpable, et sa mort a purement et simplement provoqué un «silence radio». Lui, peu friand de mondanités, n’en aurait rien eu à faire. Ses proches, en revanche, ont été blessés. C’est aussi que beaucoup, même les plus instruits, ne le connaissent pas ou peu. Et qu’il a, à une époque, été méprisé, car étiqueté «écrivain néo-colonial et folkloriste». Son surnom officiel ? Le “Pierre Loti marocain”. Parmi ses pires détracteurs ? Driss Chraïbi (l’autre père fondateur de la littérature francophone au Maroc) et Abdellatif Laâbi. En fait, Ahmed Sefrioui était, bien malgré lui, à contre-courant. Au moment de l’émergence du nationalisme et de la lutte pour l’indépendance, il écrit en français et conte les splendeurs de son enfance dans la médina d’un Fès traditionnel, populaire, presque coupé non seulement de la réalité du pays mais aussi du monde. Sefrioui décrit son cocon, sa réalité, loin des colons. Il s’agit du merveilleux roman «La Boîte à Merveilles», publié en 1954. Forcément, il dénote. On l’accuse alors d’être à la solde des Français, de ne pas être assez nationaliste.
Par Nina Kozlowski
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