Ils sont considérés, au Maroc, comme les deux leaders majeurs du XXème siècle. Malgré leur différence d’âge, ils ont tracé leurs routes politiques au même moment. Celles-ci se sont d’ailleurs souvent croisées.
Dix ans les séparent. C’est pourtant au même âge, 23 ans, qu’Allal El Fassi et Mehdi Ben Barka, tous deux leaders politiques et personnalités déjà reconnues, réalisent leur premier fait d’arme militant au nom du combat nationaliste. En 1933, Allal El Fassi renonce à un titre de docteur en droit islamique délivré par l’Université Al Qaraouiyine. La condition sine qua non pour la délivrance de ce diplôme était l’obligation, pour lui, de se désolidariser des manifestants contre le Dahir berbère. À l’époque, le père d’Allal El Fassi est secrétaire général de l’institution. Qu’importe, le jeune homme assume et reprend même une métaphore du prophète Mohammed, appelé en son temps à renoncer à l’islam : «Si vous mettez la lune dans ma main gauche et le soleil dans ma main droite, je ne renoncerai pas».
En 1943, Mehdi Ben Barka, membre du Collège marocain du Conseil de gouvernement du Protectorat, refuse quant à lui de participer aux délibérations de cette chambre. En cause ? Une institution biaisée, où les intérêts des Marocains ne sont ni entendus ni représentés. « Nous aurions été très heureux de pouvoir être utiles aussi bien au pays qu’au gouvernement, en participant d’une façon effective aux travaux de notre grande assemblée,mais la composition et le fonctionnement actuels de celle-ci ne nous permettent malheureusement pas de remplir ce devoir », écrivait-il dans une lettre datée de 4 août 1943.
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