Considérée comme la plus vieille université du monde arabe, la Qaraouiyine est aussi célèbre que mal connue. D’autant que les archives, qui contenaient certainement des informations sur sa fondation, ont brûlé en 1323. Fruit d’un probable révisionnisme historique, elle a accompagné plusieurs dynasties, produit d’illustres docteurs et obtenu un grand pouvoir à Fès, au point de guider la politique des sultans. Récit.
Depuis de nombreuses années, Fès, nouvelle capitale impériale, attire des milliers de réfugiés originaires d’Andalousie et de Kairouan (en Tunisie). Moulay Idriss II (791-828), émir idrisside qui dirigera le Maghreb
Al Aqsa, accueille ces nouveaux arrivants avec humanité et générosité. Au point d’allouer la partie Est de Fès aux Andalous et la partie ouest aux “Karaouiyine” (ou Qaraouiyine). “La rive kairouanaise reçoit dès l’origine une empreinte arabe, qu’accentue une immigration d’Ifriqiya. Elle se différenciera de la “rive andalouse”, hispano-berbère, par son raffinement policé, le luxe des maisons et des vêtements, le charme des manières, l’astuce commerciale, l’avancement intellectuel. L’appétit des sciences y sera lié à la pratique du négoce et de l’artisanat”, détaille Jacques Berque. La fondation de Fès selon Idriss II oppose donc deux villes, qui d’ailleurs feront émerger des conséquences politiques jusqu’au XVIIIème siècle, et sociales jusqu’à aujourd’hui.
Lire la suite de l’article dans Zamane N°109 (Décembre 2019)