L’introduction de la fête d’al-mawlid al-nabawi, la Nativité du Prophète, au Maroc remonte au XIIIe siècle. Plus que religieuse, sa portée a été éminemment politique.
Si la célébration de la fin du ramadan et la commémoration du sacrifice d’Abraham (‘id al-fitr et ‘id al-adha) étaient considérées dès les premiers temps de l’islam comme les deux seules fêtes licites aux yeux de la charia, les populations et certains gouvernants ne l’entendaient pas de la même oreille. Que ce soit par simple superstition ou par calcul politique, on continuait non seulement à célébrer plusieurs fêtes préislamiques dans les quatre coins de Dar al-islam, mais également d’en créer de nouvelles. Mais aucune de ces fêtes n’a atteint l’ampleur et le prestige d’al-mawlid al-nabawi, la Nativité du Prophète, notamment au Maroc. Quelle est donc l’origine du mawlid ? Comment et pour quelles raisons a-t-il été introduit au Maroc ? Comment a-t-il fini par s’imposer comme l’une des célébrations les plus importantes des calendriers populaire et makhzanien, et ce jusqu’à aujourd’hui ?
Fête extra-canonique, la Nativité du Prophète, célébrée conventionnellement le 12 rabi‘ Ier de chaque année, a été introduite officiellement par la dynastie chiite des Fatimides (909-1174) dans le cadre des «six mawlid» qui constituaient autant de manifestations ostentatoires de la vénération et du rattachement des souverains d’al-Mahdiyya puis du Caire à la Maison du Prophète. En plus de la naissance de ce dernier, les Fatimides célébraient en effet les naissances de Fatima, Ali, al-Hasan, al-Husayn et du calife en place. Commémoration palatine réservée exclusivement à l’establishment religieux et à l’élite civile et militaire du califat, cette fête était une occasion pour les souverains d’affirmer leur ascendance «sacrée», de renforcer leur pouvoir «symbolique» et de s’attacher les élites à travers l’organisation de banquets et la distribution de généreux présents.
J’ai trouvé l’article très instrutif et bien argumenté. J’espère que tous les musulmans prennent la peine de connaître leur histoire qu’ils ignorent . C’est malheureux de constater que les programmes de l’éducation dans les pays arabomusulmans n’enseignent pas la vraie histoire aux élèves.
Personnellement, malgré ma formation en histoire, j’ai constaté que ce qu’on m’a appris à l’école et à l’université est érroné et très biaisé. Je commence à connaître notre vraie histoire par un travail personnel, de lecture et de documentation acharnée. L’histoire, comme a toujours dit Arkoun nous est rapportée par des acteurs sociaux qui vivaient dans un contexte socioculturel déterminé. Donc, toutes les interprétations sont humaines et pas nécessairement neutres. D’où la nécessité de les questionner et de les intérroger.
Très bon article.
En effet, le caractère « innovateur » de cette fête ne fait aucun doute. Elle ne figure pas parmi les 3 jours de fête agréés par Allah, que sont l’Aid el Kebir, la fin du Ramadan, et le Vendredi.
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