L’ascension des Almohades reste le phénomène le plus marquant dans le Moyen âge marocain et maghrébin, avec des structures de gouvernance parfaitement rodées et articulées autour de trois axes stratégiques : politique, doctrinal et militaire.
L’histoire des Almohades reste intimement liée à celle de Mohamed Ibn Toumert qui a pu, par son érudition théologique, combinée à son habileté politique, ébranler les fondements de l’empire almoravide qui régnait alors en maitre absolu sur le Maroc et une partie du Maghreb. Pour légitimer son projet, mais aussi pour recruter très vite des centaines et des milliers de partisans, Ibn Toumert s’est autoproclamé Mahdi, Imam et Ma’soum (littéralement « l’infaillible », une vertu accordée au seul prophète Muhammad). Il a ainsi lancé ses réformes politiques dans un contexte religieux ou théocratique. Cette combinaison lui a assuré une ascendance à nulle autre pareille, à laquelle ne pouvait prétendre aucun cheikh ou chef des autres tribus Masmouda qui ont rejoint le mouvement almohade.
Ses premiers succès populaires, qui lui ont permis de gagner partisans et disciples, l’ont incité à créer un cadre politique et une organisation pour mieux contrôler ce « peuple » destiné à servir sa cause. Il a créé une série d’instances, appelées « Ahl » : le premier Conseil est celui « des dix » (du nombre de ses premiers fidèles), appelé aussi « Ahl Achra ». En adjoignant à ce premier cercle, les représentants des tribus qui lui ont prêté main forte, il a pu constituer le Conseil « des cinquante », ensuite le Conseil « des soixante dix ».
Par Mohammed Yassir El Hilali
Lire la suite de l’article dans Zamane N°107 (Octobre 2019)