Jilali Azzarhouni, alias Bou Hmara, est l’homme qui aurait pu changer l’histoire du Maroc. Par son audace et sa ruse, il a failli renverser une dynastie plusieurs fois centenaire.
Connu sous le patronyme de Bou Hmara, Jilali Azzarhouni incarne mieux que quiconque le Maroc troublé du début du XXe siècle. Pourtant, le destin de cet homme aurait dû le conduire à une paisible carrière dans le confort du sérail sultanien. Il a d’ailleurs une certaine fascination pour le Makhzen et son mode de fonctionnement, alors sous la coupe du sultan Moulay Hassan Ier. Né en 1865 dans les montagnes de Zerhoun, dans le nord du pays, Jilali se fait rapidement remarquer par de brillantes aptitudes au commandement. Il est donc sélectionné pour faire partie de la première promotion d’« ingénieurs » marocains. En réalité, Moulay Hassan souhaite moderniser son armée et fait appel à des instructeurs français pour s’acquitter de cette tâche. Cette période est essentielle dans le savoir-faire militaire qu’acquiert Jilali Azzarhouni. En France, il apprend les stratégies de la guerre moderne, qui lui serviront plus tard lors de ses campagnes. Durant cette formation, il se lie d’amitié avec un topographe français, Gabriel Delbrel. Ayant préalablement servi en Algérie française, le profil de Delbrel, parfaitement arabophone, séduit le sultan. Les destins du Français et de Jilali seront ensuite amenés à se croiser, pour le meilleur et pour le pire.
Juste avant la mort de Moulay Hassan, Azzarhouni est déjà bien implanté à la cour du sultan. Il y côtoie notamment un certain Mehdi Ben Larbi, dit Menebhi, jeune officier prometteur. Ils nourrissent ensemble de grandes ambitions pour l’avenir de l’Empire chérifien, en proie à la tenaille inflexible des puissances européennes, en particulier l’Angleterre et la France. Le premier tournant de l’incroyable destin de Jilali arrive avec la mort du sultan Moulay Hassan, en pleine campagne militaire dans le Tafilalet, en 1894. A cette date, le jeune Jilali occupe déjà un poste enviable, celui de chancelier du prince Omar, vice-sultan de Fès et frère de Moulay Hassan.
Par Sami Lakmahri
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Moulay Hassan premier serait mort lors d’une campagne militaire a Tadla et non au Tafilalet.