Autonomes, différentes et éloignées l’une de l’autre, Fès et Marrakech ont longtemps joué le rôle de capitale du royaume…et parfois dans le même temps.
A fin de relativiser les choses pour le lecteur non spécialisé, il est nécessaire d’expliquer que dans pratiquement tous les pays, les histoires « nationales » sont infestées de mythes, de semi-vérités et d’omissions plus ou moins volontaires. Il ne s’agit pas donc d’une spécificité propre au Maroc. Cette composante « idéologique », voire franchement fabulatrice de l’histoire, est due à plusieurs raisons, dont deux sont importantes et très répandues. La première est le résultat de la mémoire sélective des peuples ou des élites ou communautés politiques qui ont foi dans une certaine vision du passé, vision qui fait partie intégrante de leur identité. La seconde raison est d’ordre politique : certains régimes politiques trouvent une bonne partie de leur légitimité dans le passé, récent ou ancien. D’où leur tendance à imposer, via l’école et les médias, une interprétation biaisée de l’histoire.
Une légende qui s’appelle Fès
Parmi les mythes marocains, il y a celui de Fès capitale « depuis toujours » du Maroc, voire du Maghreb, jusqu’à la conquête coloniale française. Cela est tout simplement faux, même quand on se limite au seul pays de l’Extrême Couchant. De fait, cinq grandes dynasties gouvernent le Maroc avec une identité territoriale accomplie, autrement dit comprenant le territoire marocain actuel, en plus, périodiquement, d’une partie plus ou moins grande de son voisinage maghrébin et sahélien.
Lire la suite de l’article dans Zamane N°99 (février 2019)