Pendant qu’à la surface, Casablanca s’est assoupie durant le récent confinement, ses sous-sols ont continué à livrer les secrets des temps anciens. En l’espace de quelques semaines, d’importantes découvertes ont attiré l’attention de la communauté scientifique. À quelques kilomètres d’intervalles, une boucherie préhistorique et de minuscules outils réinterrogent nos connaissances sur nos ancêtres, premiers habitants de Casablanca…
En quelques années, le Maroc est devenu un épicentre mondial de la connaissance sur l’évolution de l’espèce humaine. En juin 2017, la découverte des plus anciennes traces d’Homo Sapiens sur le site du Jbel Ighoud attire les regards de toute la planète. Le royaume endosse à cette occasion le titre clinquant de «berceau de l’humanité». Sur le plan scientifique, cette découverte sensationnelle a permis de déplacer nos origines vers le nord-ouest du continent africain, alors que les fossiles les plus anciens trouvés jusqu’alors provenaient d’Afrique du Sud et de l’Est. Surtout, l’Homme d’Ighoud «vieillit» notre espèce de 100.000 ans, fixant désormais son âge à au moins à 315.000 ans.
Mais le site de la province de Youssoufia n’est pas le seul digne d’intérêt. À Casablanca, considérée pourtant comme une ville moderne, se terrent des vestiges d’une importance inestimable. Sur les sites de fouille de la capitale économique, ce n’est pas l’Homo Sapiens qui est traqué, mais l’un de ses ancêtres dont l’âge est estimé à un peu plus d’un million d’années. À cette époque, plusieurs espèces d’hominidés se sont dispersées à travers le globe, sans qu’aucune n’impose outrageusement ses gènes comme le fera plus tard Homo Sapiens.
Au Maroc, c’est donc à Casablanca qu’il faut chercher leurs traces. Les récentes découvertes sur les sites de Thomas 1 et celui de la grotte des Rhinocéros ouvrent un large spectre à la compréhension de leur environnement, mais aussi et surtout de leur mode de vie. La première, rendue publique le 16 mars dernier, fait état de la plus ancienne boucherie en site fermé de l’histoire des Hommes. Les scientifiques y ont décelé un véritable atelier. Outils, techniques et viandes consommées sont ainsi révélées et relayées par les plus prestigieuses revues scientifiques.
Par Sami Lakmahri
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