En ce jour du 18 novembre 1934, gravé dans la mémoire nationale, le Maroc célèbre la première fête du trône de son histoire moderne. Grâce à l’inspiration de la première génération de nationalistes, le sultan et son trône deviennent le symbole de l’unité du peuple marocain et de son désir d’émancipation.
Les autorités du Protectorat sont en panique. Chez les Français, personne n’avait prévu l’immense engouement populaire généré à l’occasion de la première fête du trône officielle de l’Histoire du Maroc. La parade du sultan Ben Youssef a tellement attisé la ferveur des habitants de Fès que les autorités, prises au dépourvu, l’ont immédiatement retourné dans son palais de Rabat. Depuis cette date, la popularité de cette célébration n’a fait que s’amplifier. L’origine de cette histoire remonte à juillet 1933, date de parution d’un article intitulé «Notre gouvernement et les fêtes musulmanes». Sous un pseudonyme, se cache la plume du nationaliste Mohamed Hassar, alors à peine âgé de 23 ans. L’article publié dans la revue Al Maghrib invite la Résidence Générale à instaurer une cérémonie célébrant le sixième anniversaire d’accession au trône du sultan Ben Youssef. L’article de Hassar, d’abord ignoré du Protectorat, fait des émules auprès du cercle nationaliste. Le mois suivant, Mohamed Belhassan El Ouazzani lui emboite le pas et formule la même revendication dans un autre article publié par la Revue Maghreb où il demande l’organisation d’«une fête nationale, populaire et officielle de la nation et de l’Etat marocains». Face au peu de réaction de la Résidence Générale, les nationalistes organisent de discrètes festivités dans les principales villes du pays. Peu après, les autorités, conscientes de la nécessité de maîtriser un tel évènement, consacrent la fête du trône par un décret du 31 octobre 1934 «à partir de la présente année, le 18 novembre, anniversaire de l’accession de S.M. le Sultan au Trône de ses ancêtres, sera consacré à la commémoration de cet événement». Mais la mansuétude des autorités finit par se retourner contre elles. Le jour J, le Maroc fête son souverain dans une fête qui s’ancre désormais dans la tradition marocaine.