Incontestablement l’homme fort du Protectorat, Hubert Lyautey a dû forcer le destin pour occuper le fauteuil de Résident général au Maroc. Car cette haute fonction était promise au signataire du Traité de Fès, Eugène Regnault. Récit d’un coup du sort.
« Depuis l’orée de la quarantaine, une impulsion première l’agite, la soif de pouvoir absolu, la volonté de puissance. Elle le pousse à s’arracher au conformisme à la ‘filière’ à laquelle tout le prédestinait ». L’historien français Daniel Rivet, spécialiste d’Hubert Lyautey, ne s’y trompe pas. À l’approche du Protectorat, le futur patron du Maroc colonial ne compte pas assister en spectateur à la mise sous tutelle de l’Empire chérifien. Il mise sur une force de caractère peu commune, mais attend aussi du destin qu’il plaide en sa faveur. Car, en 1911, le futur Maréchal de France n’est pas considéré à Paris comme candidat au fauteuil de premier Résident général. Depuis le début du siècle et l’évidence des velléités françaises sur le Maroc, Lyautey tient simplement son rang d’officier supérieur de l’armée coloniale. L’offensive politique et diplomatique est, elle, menée par les gouvernements de la IIIème République ainsi que par les diplomates, avec, à leur tête, Eugène Regnault. Cet homme expérimente d’abord le terrain tunisien au cours des premières années du XXème siècle comme collaborateur du Résident général à Tunis, Paul Cambon.
Par Sami Lakmahri
Lire la suite de l’article dans Zamane N° 85