Si les différences entre les villes de Fès et Marrakech sont marquées depuis des siècles, il en est de même pour leurs populations. D’origines et de cultures distantes, les gens des deux cités impériales ont évolué différemment, mais ont su garder une identité propre et demeurent garant d’un héritage ancien…
Précieux et hautains pour les uns, oisifs et plaisantins pour les autres. Les clichés sur les Fassis et les Marrakchis abondent dans la culture populaire marocaine. À travers blagues et anecdotes, l’identité des deux populations s’insère parfaitement dans les clichés véhiculés par la légende urbaine. Comme il n’y a pas de fumée sans feu, ces allégations contiennent certainement une part de vérité. Mais aujourd’hui, l’interconnectivité des villes du royaume, les exodes rurales et la standardisation urbaine viennent perturber les anciennes spécificités locales.
Depuis le protectorat, les deux grandes cités impériales sont réduites à de faciles qualificatifs : capitale spirituelle pour Fès, et capitale du tourisme et du folklore pour Marrakech. Ces raccourcis modernes continuent d’écarter les deux villes, et leurs habitants, des centres politiques et économiques du Maroc, au profit de Rabat et Casablanca. Et si les âges d’or semblent appartenir au passé, l’héritage de Fès et Marrakech est pourtant encore porté par les habitants. Culture et traditions, gastronomie et langage, sont autant de marqueurs identitaires encore observables aujourd’hui.
Bien que les villes, à travers l’histoire, soient bel et bien rivales, les populations, elles, ne semblent pas se livrer à la compétition. Plutôt jalouses de leurs identités, elles tentent encore aujourd’hui de préserver leurs patrimoines menacés par la modernité et le tourisme de masse. Pour combien de temps encore ?
Lire la suite de l’article dans Zamane N°99 (février 2019)