Une sultane marocaine, d’origine corse, née en Tunisie et dont les parents ont été vendus au suzerain ottoman de Tunis. Sa vie pourrait être tirée d’un roman de cape et d’épée pourtant, elle est bien réelle. Dhawiya, épouse du sultan Mohammed III, a alimenté bien des histoires et influencé le cours de la vie politique du Royaume.
Rien ne semble a priori, relier le Maroc à la petite commune de Corbara, située dans le département de Haute-Corse. Nous pourrions imaginer quelques ouvriers agricoles marocains, en quête d’une vie meilleure sur l’île de beauté, pouvant constituer un trait d’union plausible entre ces deux coins du globe. Mais, il n’est question que de pauvres anonymes perdus en Corse… Pourtant ce village, de moins de mille âmes, abritait, sans le savoir, une rayonnante « sultane marocaine » et s’enorgueillit d’une belle histoire avec le défunt Empire chérifien. Son nom est Dhawiya (Claire) et cette beauté corse n’a pas été qu’une quelconque concubine, ignorée dans le harem du sultan. Loin de là, on prête à cette étrangère une certaine influence politique à la cour alaouite et selon certaines sources, elle aurait été l’épouse légitime du monarque. Si nous la connaissons aujourd’hui sous ce nom aux consonances maghrébines, la mystérieuse sultane a longtemps porté un patronyme des plus francisants : Marthe Franceschini. Un prénom et un nom de nasrania (nazaréeenne) pour cette femme née en terre d’Islam et dévote d’Allah.
Les tourments de la fatalité
Son histoire commence bien avant sa naissance. Les archives marocaines étant muettes ou inaccessibles lorsqu’il s’agit d’entrer dans l’intimité des sultans, c’est un abbé corse du nom de Jean-Ange Galletti qui a rapporté cette surprenante épopée, dans son volumineux Histoire illustrée de la Corse, publié en 1863. En 1754, deux jeunes mariés, Jacques-Marie Franceschini et Silvia Monchi, s’activent sur leur lopin de terre, aux alentours de Corbara. Ils se font capturer par des corsaires tunisiens qui mettent la côte de la Balagne à sac. Ces pirates du XVIIIème siècle menaient des raids d’une grande violence contre les navires et les côtes du Vieux continent et se livraient au trafic humain. Les jeunes mariés semblent condamnés.
Par Adnan Sebti
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