L’ancien numéro 2 n’est pas seulement un superflic dédié à la répression. Pour en arriver là, il a du développer certaines qualités, loin de l’image qu’il véhicule…
L’homme est un acharné du travail. Le journaliste Khalid Jamaï, «meilleur ennemi» du puissant ministre, a beaucoup eu affaire à Basri durant la décennie 1990. Il lui reconnait «le mérite d’avoir toujours travailler sans relâche. Sa connaissance des dossiers, jusqu’aux plus petits détails, était stupéfiante». Aidé de sa «prodigieuse mémoire», Basri ne laisse rien au hasard. Une qualité qui plaît à Hassan II qui préfère n’avoir qu’un seul interlocuteur pour la gestion des affaires. L’élu se doit ainsi de maîtriser les dossiers sur le bout des doigts. Pour le ministre, l’insignifiant n’existe pas. Mohamed Selhami, directeur fondateur de Maroc Hebdo, est également l’un de ceux qui ont connu Driss Basri. Il a pu vérifier cette caractéristique par lui-même : «Il avait dans sa voiture un petit magnétoscope avec un écran. Ses subordonnés lui faisaient des comptes rendus vidéos sur des sujets vraiment insoupçonnés. Ainsi je l’ai vu visionner le déroulé d’un match de football entre des équipes de quartiers qui évoluent dans des divisions inférieures. Franchement, rien ne pouvait lui échapper». Sa minutie de «superflic» ne l’empêche pourtant pas de travailler sur d’autres projets. Contrairement à la légende, Basri est loin d’être hostile au monde universitaire. Titulaire d’une licence à la faculté de droit de Casablanca en 1968, il n’abandonnera jamais un milieu qui lui est pourtant hostile. A Khalid Jamaï, il dira un jour : «Tu as vu, je vous ai maitrisé avec les vôtres». Le ministre fait là référence aux choix de ses collaborateurs lors de son accession à la tête de la «dakhilia» en 1979. En effet, Basri surprend son monde en faisant appel à des intellectuels et non pas qu’à des sécuritaires. Il estime en effet que, dans le projet de bâtir un Etat moderne, il ne peut se passer d’un milieu capable de théoriser l’Etat. Lahcen Brouksy, ex-membre de La Direction Centrale des Renseignements Généraux et proche collaborateur de Basri, nous livre un exemple de cet étrange mélange des genres : «Il existait une division des études et des analyses au sein de l’Intérieur. Le but était d’établir les tendances politiques et de faire des propositions de profils recherchés. C’est de la sociologie politique. Basri n’était pas un surhomme, il était juste au sommet d’une structure organisée et tentaculaire capable de le renseigner d’une façon nouvelle mais diablement efficace».