Dans la nuit du 10 janvier 1961, le navire Egoz, s’échoue au large d’Al Hoceima. À son bord, 44 immigrés juifs et 3 membres d’équipage. Ce naufrage incarne la face visible de l’immigration clandestine des juifs marocains vers Israël au début des années 1960. Récit et conséquences d’un drame oublié…
Des centaines de personnes, dont des hommes politiques, se rendent en procession sur le mont Herzl à Jérusalem. En décembre 1992, le cimetière national d’Israël ouvre donc ses portes aux ossements de 22 dépouilles, victimes du naufrage de l’Egoz 31 ans auparavant. Cet épisode est le dénouement d’un incroyable et tragique feuilleton survenu en janvier 1961 au large des côtes méditerranéennes du Maroc. À cette date, le royaume, fraîchement indépendant, fait face à l’un des plus importants défis de son histoire contemporaine. Sa communauté juive, forte de plus de 250.000 personnes en 1956, se réduit peu à peu comme peau de chagrin. Poussés par des raisons économiques ou idéologiques, ses membres quittent leurs pays natal à un rythme effréné. Outre les quelques initiatives personnelles, ce mouvement de population est largement encadré par l’Etat d’Israël, qui dépêche le Mossad, son service secret. Ce dernier crée une structure (« Misguéret » en hébreux) qui, dès 1955, se charge de former les juifs à l’autodéfense et d’organiser un vaste réseau d’immigration clandestine.
En parallèle de négociations informelles entre Rabat et Tel-Aviv sur la question du sort des juifs marocains, la Misguéret œuvre à évacuer secrètement les populations, souvent les plus défavorisées, vers Israël. C’est dans ce cadre que se tient la tragédie de l’Egoz, par une sombre et froide nuit de janvier 1961.
Lire la suite de l’article dans Zamane N°102 (mai 2019)