En décembre 1990, un appel à la grève générale transforme Fès en théâtre d’affrontements sanglants. Le pouvoir fait appel à l’armée pour restaurer l’ordre. Récit.
Des rues désertes, des magasins dévastés, un hôtel de luxe saccagé, une université assiégée et des centaines de voitures brûlées. Il règne une atmosphère de guerre urbaine au lendemain des émeutes qui secouent la ville de Fès en décembre 1990. Outre les dégâts matériels inouïs, le bilan des affrontements fait froid dans le dos. Dans un passé pas si lointain, des émeutes au Maroc pouvaient ainsi coûter la vie à des centaines de personnes. Comment un appel à la grève générale lancé par les principaux syndicats peut-il se transformer en une terrible bataille rangée ? Pourtant, le mot d’ordre véhiculé par la CDT (Confédération Démocratique du Travail) et l’UGTM (Union Générale des Travailleurs du Maroc) était limpide : la contestation sociale devait prendre la forme d’une abstention de travail. Aucune manifestation n’était prévue pour porter les revendications sociales. Seulement une invitation aux travailleurs à observer une grève et rester chez eux.
Mais le jour de l’action syndicale, le 14 décembre 1990, des centaines de jeunes, issus pour la plupart des quartiers populaires, descendent en masse dans le centre-ville de la capitale spirituelle.
Par Sami Lakmahri
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