Parallèlement à la prolétarisation de la société marocaine, la prostitution organisée fait son apparition dès la première moitié du XXe siècle. Bousbir, le plus grand quartier réservé à « l’amour tarifé » en est l’incarnation la plus édifiante.
De 20 000 habitants en 1900 à quelque 250 000 au milieu des années 1930, Casablanca est passée de statut d’insignifiante petite bourgade à celui de la plus grande ville du pays. Son port, ses entreprises, ses garnisons militaires et la forte communauté européenne qui y résident transforment la ville en une véritable métropole, avec ses lieux de travail mais aussi de loisir. L’un d’eux, le quartier Bousbir, est situé aux abords de la nouvelle médina. Devenu le plus grand bordel légal du Maroc, le quartier accueillera des centaines de prostituées marocaines, juives et musulmanes, jusqu’au début des années 1950. Véritable ville dans la ville, exclusivement réservée au confort de la clientèle, le lupanar regorge de boutiques, cafés, et autre hammams. Le tout derrière de hautes enceintes gardées par la police. Les prostituées connaissent quant à elles des fortunes diverses. Une minorité d’entre elles jouit d’une certaine autonomie, tandis que la grande majorité est réduite au statut d’esclaves privées des droits les plus élémentaires.
Par Reda Mouhsine
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