En 1996, le pouvoir orchestre une opération « d’assainissement » qui vise les patrons d’entreprises marocains. Hassan Chami, vice-président de la CGEM à l’époque, revient sur cette étrange cabale qui réussit à monter les partis de l’opposition contre le patronat.
À l’époque de la « campagne d’assainissement », vous occupiez le poste de vice-président de la CGEM. Quelles étaient les vraies raisons derrière cette campagne ?
Il existe une tradition dans le monde des affaires qui devrait nous permettre de comprendre la suite des évènements : plus une entreprise réussit, plus elle cherche à intégrer les cercles où se trament les décisions politiques. Quand Hassan II décida de mener cette campagne, il avait déjà à l’esprit un scénario sur l’ouverture politique. Pour lui, le monde des affaires et celui de la politique ne devaient surtout pas se retrouver dans le même rang.
Hassan II avait-il peur de voir des patrons d’entreprises et des opposants au régime devenir du jour au lendemain des alliés ?
Absolument. C’était là l’origine de cette campagne.
Donc, c’est bien Hassan II qui avait décidé cette campagne et non Driss Basri, ministre de l’Intérieur à l’époque ?
Le jour où l’arrêt de la campagne avait été décidé, j’étais, Abderrahim Lahjouji (président de la CGEM à l’époque, ndlr) et moi, dans le bureau de Driss Basri. Celui-ci déclara : «Je suis un soldat. Je ne fais qu’exécuter les ordres». Donc, à mon avis, la «campagne d’assainissement» a été déclenchée pour éviter tout rapprochement entre les hommes d’affaires et l’opposition. Le message était clair : c’est le Makhzen qui garantit les intérêts des hommes d’affaires et ceux-ci doivent éviter d’approcher la politique.
Propos recueillis par Smail Bellaouali et Tayeb Biad
Lire la suite de l’article dans Zamane N° 51
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