L’égalité en héritage entre hommes et femmes adopté par le Conseil des ministres en Tunisie suscite le débat. En cause ? Des calculs politiques au détriment de la démocratie et de l’économie.
Un premier pas, historique dans le Monde arabe. Vendredi 23 novembre, en Tunisie, le Conseil des ministres, dirigé par le président Béji Caïd Essebsi, a adopté un projet de loi consacrant l’égalité dans l’héritage entre hommes et femmes. En rompant avec quatorze siècles de traditions religieuses (et patriarcales), la Tunisie renforce son statut de pionnière en matière de droits des femmes dans le monde arabe. Mais pour l’instant, rien n’est encore acté. En effet, ce projet de loi, qui divise les politiques et la société depuis l’été dernier, doit être accepté par le parlement avant d’être adopté. Le bloc parlementaire du parti islamiste Ennahdha (68 députés), vivement opposé à cette loi, a d’ores et déjà annoncé qu’il voterait contre. En face, 143 députés s’apprêteraient à voter «pour». 109 voix suffiront pour l’adoption finale ; affaire à suivre donc. Si l’héritage focalise toutes les attentions, un autre projet de loi fait débat : la reconduction de l’Etat d’urgence, instauré depuis mars 2015. Certains accusent donc le président d’instrumentaliser l’égalité homme/femme pour son propre pouvoir, le tout dans un contexte où le développement économique du pays est au point mort…