De Serfaty à Benzaquen ou Lévy, retour sur ces Marocains de confession juive dont la voix a compté.
Abraham Serfaty, le « juif arabe révolutionnaire »
C’est lui-même qui se définit ainsi. Ce surnom fait référence à l’identité qu’il revendique, mais aussi à son engagement militant. Abraham Serfaty est sans doute le révolutionnaire marocain juif qui a le plus marqué son époque. Né dans une famille juive d’origine séfarade dans le quartier casablancais de Derb Ghallef en 1926, Serfaty développe très tôt un goût pour les idées révolutionnaires. Grand admirateur de Abdelkrim El Khattabi et nourri à la littérature marxiste, le jeune Casablancais se range du côté du prolétariat dès le début des années 1940. C’est en toute logique qu’il intègre le PCF (Parti Communiste Français) lors de son séjour d’études en France où il intègre la prestigieuse Ecole des Mines. De retour au Maroc, sa flamme révolutionnaire est ravivée par la lutte nationaliste pour l’indépendance. Virulent et percutant, Abraham Serfaty est une première fois emprisonné en 1950 puis sanctionné d’une interdiction de résidence sur le territoire marocain suite aux événements des Carrières Centrales en décembre 1952. Après l’indépendance, la passion de Serfaty pour l’égalité sociale le conduit tout droit à s’opposer frontalement à l’autoritarisme de Hassan II en devenant l’architecte idéologique de l’extrême gauche marocaine (Ilal Amam et Annahj Addimocrati). Une audace qu’il paye au prix fort, 17 ans de réclusion.
Par Sami Lakmahri
Lire la suite de l’article dans Zamane N° 90