Avec des mots, al-melhoun, al-guifane ou al-izlane ont su, à travers l’histoire, magnifier la beauté de la femme, du corps et d’une dolce vita à la marocaine.
Nous sommes désarmés pour présenter l’archétype de la beauté féminine au Maroc sur une longue période, car la figuration est interdite dans la tradition musulmane, et les reproductions photographiques au Maroc ne datent que de la veille de la pénétration coloniale. Par contre, nous avons dans la poésie populaire matière à foison, aussi bien dans al-melhoun (poésie populaire chantée), al-guifane (des quatrains dans le parler hassani), al-izlane (chants d’amour) en amazigh…
Malgré le trait pudique de la société marocaine, la poésie populaire a percé le voile, aussi bien au sens physique que moral, et nous a livré des perles dont on peut dégager un archétype de la beauté. Celle-ci n’est pas circonscrite à la femme car on a chanté dans al-melhoun des éphèbes, survivance peut-être de l’influence andalouse. Ces descriptions sur les éphèbes sont, autant que je sache, introuvables dans la poésie hassanie, ou al-izlanes en amazigh, où on chante l’amarg, les tourments de l’amour, dans la description du corps de la femme.
La beauté est le propre des esthètes, des milieux huppés, des personnes riches, ou des…marginaux. L’homme ordinaire doit se contenter de ce qu’il a, de ses fantasmes et caprices de jeunesse, car la beauté n’est pas synonyme de bonheur. Une femme trop belle est désirée et fait languir son homme.
Lire la suite de l’article dans Zamane N°103 (Juin 2019)