Au début du XVIIème siècle, le chaos dans lequel vit le royaume lui fait perdre sa plus importante bibliothèque, avec ses centaines de manuscrits d’une valeur inestimable. Récit d’une affaire qui ressemble à une guerre, perdue par le Maroc devant l’Espagne et la France.
Affaibli mais jovial, le roi Juan Carlos arbore un grand sourire au côté de Mohammed VI. En ce mardi 16 juillet 2013, il termine son séjour au Maroc par la visite de la BNRM (la bibliothèque nationale, à Rabat). à cette occasion, il remet symboliquement au monarque marocain un fichier numérique comportant les principales copies d’une collection de manuscrits à la valeur inestimable. En donnant aux Marocains la possibilité de consulter l’illustre bibliothèque dite de Moulay Zidane, Juan Carlos ranime une affaire vieille de plus de quatre siècles. Car depuis 1612, date de la capture du trésor, jamais le Maroc n’a été en mesure de récupérer son bien, aujourd’hui soigneusement à l’abri dans la bibliothèque royale du monastère de l’Escurial, située dans la banlieue de Madrid. Ce fond unique au monde aurait pu constituer un patrimoine culturel sans égal pour le Maroc. Principalement enrichie par le sultan Ahmed El Mansour Eddahbi (1578-1603), grand mécène et riche collectionneur de manuscrits, la bibliothèque perdue est constituée de documents d’une préciosité incalculable. Parmi eux, le fameux manuscrit d’Ibn Khaldoun intitulé «Lubāb al-mūhassal», qui remonte à 1351. On peut y trouver également des textes du XIVème siècle rédigés par le pionnier de la cryptologie, Ibn Ad-Durayhim, des Corans rares finement reliés comme celui, personnel, de Moulay Zidane et des livres théologiques venus de tout le monde musulman, de Damas à Tombouctou. Au total, donc, près de 4000 manuscrits, mais dont quasiment la moitié vont brûler en même temps que le monastère de l’Escurial, victime d’un gigantesque et tragique incendie en juin 1671.
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