En mai 1947, apprenant que l’Emir est à bord d’un navire voguant dans les eaux égyptiennes, des nationalistes marocains, Mhammed Ben Aboud et Abdelkrim Ghellab, décident de remuer ciel et terre pour libérer le héros de leur jeunesse.
Àla fin de la Seconde guerre mondiale et notamment depuis la constitution de la Ligue arabe, la France commence à subir des pressions pour libérer son vieil adversaire, le chef rifain Mohamed ben Abdelkrim Khattabi. Des voix s’élèvent en France pour défendre la même cause. Car Abdelkrim avait plutôt bonne presse dans les rangs de l’intelligentsia française de gauche, lui qui avait correspondu avec Lénine, Marcus Garvey et avait inspiré par son épopée aussi bien Hô Chi Minh que Mao Tse Toung dans leur lutte de guérilla populaire contre le colon. De guerre las, le gouvernement français décide de transférer Abdelkrim et les siens, une cinquantaine de personnes, de l’île de la Réunion où il vit en exil depuis une vingtaine d’années, vers le sud de la France et plus exactement dans une localité pittoresque sur la cote méditerranéenne se situant entre Nice et Cannes. Une grande bâtisse et des dizaines de pièces sont prévues à cet effet. Mais Abdelkrim, quasiment malgré lui, faussera compagnie aux voyageurs du Katoomba qui lentement voguait vers Marseille.
De fait, la mission de transférer l’émir vers l’Hexagogne est confiée par les autorités françaises aux Messageries Maritimes, célèbre compagnie française spécialisée dans le transport colonial. Celle-ci affrète un vieux navire de 137 mètres de long, le Katoomba, qui avait servi pendant et la Première et la Seconde guerres mondiales. On est au mois de mai 1947. Le propriétaire du Katoomba est à l’époque grec, mais il arbore un drapeau panaméen, le paquebot ayant changé plusieurs fois de mains.
Par Maâti Monjib
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