Qu’est-ce que l’art dit naïf ? Comment et pourquoi des artistes, et non des moindres, lui ont fait la «guerre»? Zamane remonte à la source du problème.
Quand, au début des années soixante du vingtième siècle, les artistes modernistes sont revenus s’installer au Maroc après avoir fait leurs études en Europe, ils se heurtèrent à un phénomène tout particulier. En effet, la scène était occupée par des faiseurs d’images divers qui peuvent toutefois être groupés sous deux catégories bien distinctes. D’une part, les peintres spontanés qui n’avaient jamais appris à peindre ni à lire ni à écrire et que la critique de l’époque présentait comme étant la seule et authentique expression artistique marocaine. D’autre part, une peinture folklorique, un orientalisme tardif, qui s’appliquaient à recopier des aspects pittoresques de la vie quotidienne marocaine pour un public nostalgique de l’époque coloniale. Les artistes modernistes avaient vu dans cette situation quelque chose qui s’opposait totalement aux projets social et culturel dont ils étaient porteurs. Ils entrèrent en guerre contre ces formes d’expression et particulièrement l’art naïf.
C’est quoi, cet art ?
Mais, en fait, qu’est-ce que l’art naïf? Il s’agit surtout d’une pratique picturale figurative qui ne respecte ni les règles de la perspective, ni la précision du dessin, ni même la maîtrise de la couleur et de ses nuances. Les artistes naïfs font confiance à la spontanéité de leur geste et à leur instinct quant à leur relation à la couleur. Ils sont plus ou moins naturels, bruts et sans aucune formation artistique ni intellectuelle. Leurs origines sociales et culturelles varient selon les époques et les régions du Maroc.
Lire la suite de l’article dans Zamane N°98 (janvier 2019)