Que garde encore la mémoire collective de la bataille de Lehri qui a opposé, le 13 novembre 1914, le commandant de la garnison de Khénifra et ses hommes au célèbre Moha Ou Hammou Zayani et ses combattants ? Rien, si ce n’est une stèle, aujourd’hui doublement défigurée.
« Français qui passez, ayez une pensée pieuse à la mémoire des héros tombés sous votre drapeau pour la grandeur du pays ». Cette citation se trouve en principe gravée sur le marbre accolé aux monuments aux morts, une tradition inaugurée en France pour commémorer les « héros tombés au champ d’honneur » lors des grandes guerres européennes, connues sous le nom de Première et Seconde guerre mondiales. Cette tradition a suivi les troupes d’occupation du Maroc sous Protectorat, et de nombreuses stèles érigées continuent à défier nos regards, un peu partout au Maroc français comme au Maroc sous occupation espagnole, notamment dans le Rif, au Moyen-Atlas et au Tafilalet, régions qui ont vécu les plus longs et les plus durs combats livrés pour «pacifier» le pays. Véritables lieux de mémoire, les sites où ces stèles existent encore pourraient servir de lieux d’enseignement aux Marocains qui ne connaissent pas leur histoire, à celles et à ceux qui sont perdus aujourd’hui entre l’Orient et l’Occident, ou qui ignorent les désastres subis suite à des opérations de guerre qui se sont déroulées entre 1900 et 1934 pour l’occupation du pays, suivie de la perte de la souveraineté nationale?
Par Mustapha Qadery
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