La tribu constitue au Maroc, et cela depuis des siècles, une entité sociale de premier ordre. Elle a cohabité, dans le conflit ou en bonne intelligence, avec deux autres organisations essentielles de la société marocaine : le Makhzen et la zaouia.
La tribu semble avoir été largement dominante sur le plan du contrôle social, au moins jusqu’au XIIème siècle. L’apparition de la zaouia et le renforcement de l’ordre étatique sous les Almohades ont, nous semble-t-il, entamé la toute puissance de la tribu. De fait, le Makhzen comme la zaouia sont d’essence «transtribale». Elles se superposent ainsi au surmoi tribal et l’affaiblissent progressivement, notamment dans les centres urbains et autour d’eux. Toutefois, jusqu’à nos jours et notamment au sud du pays, la tribu représente toujours une structure représentative incontournable.
La tribu à travers les siècles
L’arabo-islamisation progressive de la population marocaine, avec la montée en puissance du chérifisme à partir du XVème siècle, représentent un contre-poids important au tribalisme en tant qu’organisation symbolique. Cela ne veut nullement dire, comme le prétend une certaine histoire coloniale, que la tribu arabe fut un instrument de l’Etat alors que la tribu berbère eut été fondamentalement un phénomène anarchique et réfractaire à toute intégration dans une structure qui ressemblerait à un Etat-nation.
Par Maati Monjib
Lire la suite de l’article dans Zamane N°112 (Mars 2020)