Comment et pourquoi le « palais » El Mokri, construit par le fils du grand Vizir, puis réquisitionné par l’Etat, est-il devenu, entre 1963 à 1972, le centre de détention secrète le plus important, et le plus cruel, de l’ancien régime ? Récit.
Derrière les enceintes les plus élégantes se trament, parfois, les pires atrocités.Route des Zaers, dans le très cossu quartier Souissi, le palais (ou Dar) El Mokri a joué un rôle confinant à la schizophrénie sous l’ancien règne. Construit au cœur d’un vaste jardin d’orangers (7000 m2 environ) entre les années 1947 et 1951, ce palais a été, et reste toujours, un joyau d’architecture mêlant patrimoines arabo-andalou, turc et italien. En tout, 1800 m2 de marbre, de zellige, de boiseries finement ciselées ; un immense patio, des fontaines, des salons fastueux et même une aile réservée à une tradition disparue: le harem. Son propriétaire n’était autre que Si Thami El Mokri, responsable des finances au sein du gouvernement chérifien, et surtout fils du Grand Vizir Si El Mokri.
Ce palais digne des mille et une nuits, situé à presque huit kilomètres des tumultes de Rabat, aurait dû être la résidence d’été de cette surpuissante famille makhzénienne. Mais, accusés d’avoir pactisé avec les Français et participé au complot visant le sultan Ben Youssef en 1953, les Mokri se sont vus confisquer l’ensemble de leurs biens patrimoniaux, à l’instar de tous les “traîtres”. La plupart d’entre eux ont pu les récupérer aux environs de l’année 1958, exceptés deux familles, dont la disgrâce s’est prolongée : les Glaoui et les Mokri. Depuis lors, Dar El Mokri appartient à l’Etat ; vide et inanimée.
Par la rédaction
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