Victime d’une idéologisation exacerbée, et de certains enjeux politiques, la langue arabe a perdu ses attributs originels et fini par glisser, bien malgré elle, dans une impasse totale. Une dégringolade qui est tout sauf le fruit du hasard.
L’article 5 de la constitution marocaine affirme que «L’arabe demeure la langue officielle» de l’État, et que ce dernier «œuvre à la protection et au développement de la langue arabe, ainsi qu’à la promotion de son utilisation». L’Etat marocain a donc, dès le début de postindépendance, œuvré pour la promotion de l’utilisation de la langue arabe à l’école et dans les médias, ainsi que dans les niveaux inférieurs de l’administration. Mais les politiques linguistiques et éducationnelles menées dans ce domaine, ont fini par causer du tort, et à l’arabe et à la qualité de l’enseignement. Avec tout ce que cela implique sur le plan du développement social, politique et plus globalement civilisationnel.Nous allons essayer, à présent, de montrer comment les choses sont mal parties dès le siècle dernier. Hélas, serait-on tenté de dire.
À l’origine, l’arabe classique était au top de l’échelle des valeurs
Traditionnellement, la langue d’enseignement au Maroc était l’arabe classique, notamment dans sa version coranique. Mais cela était largement théorique. Car la langue de communication entre l’élève et l’enseignant était soit l’arabe dialectal, soit l’amazighe. Et rarement, très rarement, l’arabe littéraire. Exception faite du cycle supérieur. Cela veut dire quand même que l’objectif social déclaré et poursuivi, via l’engagement dans ce système d’enseignement, fût bien de maitriser l’arabe classique. On apprenait, en général, le vocabulaire arabe, ainsi que les règles grammaticales et religieuses. Mais aussi, parfois, des rudiments du droit islamique et coutumier, ainsi que des matières scientifiques héritées de la période médiévale, âge d’or de l’Islam.
Par Maâti Monjib
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