Il arrive parfois que les sciences flirtent avec les idéologies. Au Maroc, ce fut le cas avec l’archéologie, notamment à travers Henri Terrasse, directeur du patrimoine sous le Protectorat. Voici trois de ses théories, mâtinées de colonialisme, toujours ancrées dans les esprits et dans de nombreux livres d’histoire.
L’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire. Le problème de l’Afrique, c’est qu’elle vit trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu de l’enfance». Beaucoup ont encore en mémoire cette phrase prononcée par Nicolas Sarkozy, alors président de la république française, mais rédigée par “sa plume”, Henri Guaino, au cours du fameux discours de Dakar, le 26 juillet 2007. Ses relents paternalistes et racistes ont provoqué la polémique et blessé de nombreux Africains. En plus d’être révélatrice de l’incapacité française à assumer son passé colonial, cette phrase montre aussi à quel point les sciences ethnologiques ou archéologiques (pour ne citer qu’elles), ayant précédé puis accompagné le processus de colonisation, ont aidé à façonner des “vérités coloniales”, encore aujourd’hui ancrées dans l’inconscient collectif.
Là où la France a étendu ses tentacules impérialistes, l’archéologie s’est muée en “science coloniale”, selon l’expression d’Abdallah Hammoudi, professeur d’anthropologie à Princeton (USA). Ainsi, le Maroc n’a pas été exempté, loin de là. D’autant que l’histoire de l’archéologie marocaine est née avec l’avènement du Protectorat en 1912. Pour accompagner cette naissance, une nouvelle génération d’archéologues, résolument attirés par le terrain -les preuves tangibles du passé- contrairement à leurs prédécesseurs qui ont privilégié les sources écrites plutôt que matérielles.
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