Si le Portugal a profondément marqué l’histoire du Maroc, l’inverse est tout aussi vrai. Suite à la défaite de Oued al Makhazin en 1578, Lisbonne est privé d’un roi sans succession ainsi que d’une grande partie de son armée. Une situation critique qui engendre la mise sous tutelle d’un empire pourtant à son apogée.
Le 28 octobre 2018, le candidat d’extrême-droite Jair Bolsonaro est élu président du Brésil. Ses partisans laissent éclater leur joie et certains affirment sur les réseaux sociaux que «le messie est enfin de retour». À quoi font-ils allusion et quel rapport avec le Maroc ?
Ces énigmatiques manifestations font en réalité référence au «sébastianisme», un courant mystico-religieux originaire du Portugal et très prisé au Brésil, ancienne colonie lusitanienne. Il s’agit d’une croyance survenue à la suite de la mort du roi Sébastien 1er lors de la légendaire bataille des trois rois, près de Ksar El Kebir en août 1578. Face à la crise dynastique et institutionnelle engendrée par la défaite de l’armée portugaise, un profond messianisme s’est emparé de la très catholique société de ce pays. Car la mort du jeune monarque âgé de 25 ans à peine, n’est pas seulement celle d’un gouvernant. Avec lui, disparait aussi la lignée monarchique de la Maison d’Aviz (1385-1580), laissant ainsi le pays en proie à une profonde déstabilisation. Face à un tel cataclysme, les Portugais refusent de faire le deuil de leur roi et certains d’entre eux sont persuadés que Sébastien réapparaitra dans le brouillard pour sauver le Portugal et lui redonner son lustre d’antan. Un mythe qui, aujourd’hui encore, fait partie de la culture lusitanienne.
Par Sami Lakmahri
Lire la suite de l’article dans Zamane N°110 (Janvier 2020)