Entre 1980 et 1990, les Marocains sont privés de télévision par satellite. Certains, au petit bonheur la chance, parviennent à capter des chaînes étrangères grâce aux antennes paraboliques de Hassan II, d’autres bricolent des «antennes keskass». Jusqu’à ce qu’un big-bang satellitaire et parabolique balaye tout sur son passage.
La vague néolibérale de la décennie 1980 emportera avec elle le Mur de Berlin et les régimes communistes, tout en faisant danser les gens sur du disco. À la même époque pourtant, le Maroc fait grise mine : pas (ou très peu) de passeports pour voyager, pas de fax, et bien sûr pas de télévision. En fait si, une chaîne étatique : la TVM, qui émet cinq à six heures par jour. Au programme, des émissions en arabe et en français, des feuilletons égyptiens, des séries américaines mythiques (Dallas, Dynastie…), des journaux télévisés très officiels, quelques dessins animés le dimanche matin pour les enfants, et surtout la sacro-sainte psalmodie du Coran, un orchestre de musique arabo-andalouse, l’hymne national et des images de Hassan II, diffusées quotidiennement.
Evidemment, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Au palais royal de Rabat, Hassan II a fait installer, pour son usage personnel, un dispositif de télécommunications afin de recevoir les signaux de chaînes étrangères. Dés le début des années 1980 donc, la population de Rabat et des alentours parvient, avec de simples antennes et grâce à cette installation royale, à capter les émissions des chaînes étrangères (Espagne, France et Italie). Lorsque le roi voyage et se rend dans ses autres palais au Maroc, il emporte son retransmetteur avec lui ; par conséquent, les habitants de Casablanca, Fès ou Marrakech en profitent aussi. Le phénomène est tel que le roi finira par laisser un retransmetteur partout où il passe. Les grands centres urbains ont le privilège de goûter à la nouveauté; particulièrement Rai et TV5, une chaîne franco-tunisienne, spécialiste de l’information.
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