Inventer le corps et l’érotiser pour le maîtriser : telle pourrait être la devise des Orientalistes, qui ont durablement nourri le fantasme du harem et du paradis sexuel en terre arabo-musulmane.
D’où est venue l’idée aux peintres orientalistes de se représenter la vie des harems arabes et musulmans comme un lieu de débauche et de vie libertine ? L’image a tellement pris place dans l’Europe du XIXème siècle que les représentations des peintres sont venues la fixer dans les imaginaires et les rétines, et qu’elle a ainsi acquis une force de vérité historique. Par la suite le cinéma, les bandes dessinées, les romans ainsi que différents genres de discours se sont emparé de cette fausse vérité pour la répandre et l’incruster dans les imaginaires des Arabes.
Cela continue à hanter les imaginaires même à notre époque. Malgré les critiques et les déconstructions des discours coloniaux, l’Orient reste toujours lié à cette image que le XIXème siècle européen a forgée à travers plusieurs formes d’expression.
Harim ou harem ?
Déjà, dans l’usage linguistique des Arabes, il y a une grande différence entre harim, bien prononcé en arabe, et harem énoncé dans une langue occidentale. Par harim, il faudrait comprendre surtout des femmes de la maison, mariées et occupées à faire leurs besognes quotidiennes (usage très répandu dans les films égyptiens et proche-orientaux). Par harem, l’Occident entend un monde fabuleux fait de luxure, de jouissance et de libertinage.
Quand on dit harim du sultan, on comprend les femmes du sultan, toutes les femmes sans distinction, toutes les femmes interdites (muharramates).
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