Peu de gens connaissent la véritable histoire de la famille El Khattabi, pourtant plus tragique que l’épopée d’Abdelkrim elle-même, président de la république du Rif et célèbre exilé au Caire.
Au sommet de la pyramide du clan El Khattabi, on retrouve le patriarche Abdelkrim, père du héros éponyme de la bataille d’Anoual. Juge de son état et notable rifain important, le Qadi Abdelkrim se fait naturellement approcher par les Espagnols qui cherchent des alliés marocains dans le Rif. En ce début de XXe siècle, le Qadi Abdelkrim est ainsi convaincu que de la relation avec l’Espagne viendra le salut et le développement pour le Rif, région encore pauvre, soumise à la sécheresse et aux épidémies. Sauf que les compatriotes rifains du Qadi ne voient pas ce rapprochement d’un bon œil, et lui reprochent de pactiser avec les infidèles. A deux reprises, la maison d’Abdelkrim père est brûlée par des compatriotes hostiles à cette alliance avec les Espagnols. Cependant, au milieu des années 1910, la Première guerre mondiale précipite les choses, et le vieux Qadi finit par se rendre compte que sa place est au côté de la résistance : la rupture avec les Espagnols est dès lors consommée. Le changement de cap d’El Khattabi donne un nouveau souffle à la résistance, pratiquement éteinte depuis la mort au combat du chérif Mohamed Ameziane. Mais le Qadi Abdelkrim n’a pas le temps d’en profiter : il meurt le 7 août 1920, empoisonné par un traître à la solde des Espagnols.
Par Mimoun Charqi
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