Autrefois, savants et religieux ont sillonné l’Occident musulman et contribué à forger une culture commune. Pourtant, les tentatives politiques d’unifier cette vaste région n’ont jamais dépassé le stade de l’éphémère.
Bien que l’espace maghrébin présente de réelles similitudes dans ses aspects géographiques, humains et culturels, les expériences d’unification politique, dominées par la configuration tribale de l’époque, ont été de courte durée et ont avorté pour les même motifs. Les ouléma, les faqih et les mystiques ont joué un grand rôle dans l’élaboration d’un Maghreb homogène au niveau culturel et religieux, sachant que les mêmes structures sociales ont prévalu ici et là dans ce large territoire. C’est ainsi que les Sanhaja de la lisière saharienne ont pu dominer sous les Almoravides dans une grande partie du Maghreb. De même, le clan des Goumiya, issu du Maghreb médian, a pu s’emparer du pouvoir almohade sous l’impulsion de Abdelmoumen, aux dépens des héritiers directs de Mohammed Ibn Toumert, fondateur de l’Etat. Sans oublier les Hafsides, originaires de ce même Haut-Atlas, qui sont parvenus à s’ériger en grande force méditerranéenne en Ifriqiya, à l’est du Maghreb.
D’un point de vue géographique, le terme «Maghreb», en alternance avec celui d’«Occident musulman», a prévalu durant les quatre premiers siècles de l’Hégire, bien avant l’apparition d’entités géographiques «mineures» telles que Al Maghreb Al Adna, Al Maghreb Al Awsat, Al Maghreb Al Aqsa. Cette distinction émise par les géographes a été reprise par des historiens comme Ibn Abdelhakam, Ibn Khaldun, Naciri, etc. La genèse du terme «Maghreb» remonte aux débuts de l’islamisation, c’est donc une terminologie imposée depuis l’Orient et dans le cadre dela notion de califat, dont aucun ne se doutait qu’il allait un jour finir par éclater. Concept politique et religieux globalisant, le califat a cédé sous les coups portés par une multitude depouvoirs qui aspiraient à en reproduire le modèle ; il en a été ainsi pour les Omeyyades, les Fatimides ou encore les Almohades.
Par Mohamed Fatha
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