Tandis que les États-Unis et l’Union Soviétique se livrent à une guerre froide, les pays du monde sont sommés de choisir leur camp. En Afrique, la lutte d’influence fait rage. Hassan II ne veut pas en être un simple spectateur.
Le Maroc peut-il raisonnablement conserver l’esprit chevaleresque du non-alignement qui prévaut à la fin des années 1950 ? Une succession d’évènements écarte peu à peu l’utopie de rester un pays neutre, chantre de l’indépendance des peuples. L’alignement sans réserve en faveur de l’Ouest n’est à l’époque pourtant pas une évidence. Au début des années 1960, les deux superpuissances mondiales luttent sur tous les fronts. Celui de l’Afrique ne leur est sûrement pas anodin. Le chaos engendré par le processus de décolonisation dans le continent leur laisse espérer l’implantation de leurs idéologies dominantes. Au Maroc, l’indépendance soutirée à la France sert de modèle à d’autres pays encore sous le joug colonial. Le royaume profite de son expérience et se tourne vers l’Afrique. Le roi Mohammed V, auréolé d’une image de leader tiers-mondiste fonde le «groupe de Casablanca» en janvier 1961. Lors de la conférence qui en découle, la capitale économique du royaume accueille le gratin des figures africaines dites progressistes. Gamal Abdel Nasser d’Égypte, Kwame Nkrumah du Ghana, Amadou Sékou Touré de Guinée-Conakry, Ferhat Abbas chef du gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) ou encore Modibo Keita du Mali, expriment clairement leur hostilité envers l’Occident. Les États-Unis et la France se méfient de plus en plus des velléités du souverain et de son gouvernement. À l’occasion d’une grave crise qui secoue la fragile indépendance du Congo belge, le Maroc passe des paroles aux actes.
Par Sami Lakmahri
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De par la tempête décisive, le Maroc est devenu gendarme du moyen orient !