Le tableau d’Eugène Delacroix, représentant le sultan Moulay Abderrahmane sortant de son palais à Meknès, n’est pas qu’une simple esquisse dessinée par un orientaliste. Cette œuvre de Delacroix est le témoignage d’une des péripéties les plus cocasses des relations diplomatiques entre le Maroc et la France.
Nous sommes en plein été de l’année 1830, lorsque les troupes françaises débarquent à Alger. Dans l’Oranais, c’est la grande agitation. Des dignitaires tlemcéniens présentent allégeance au sultan Moulay Abderrahmane et reconnaissent l’autorité du royaume chérifien sur ce territoire. À Paris, l’action des autorités marocaines est jugée inamicale. La France tient à délimiter les frontières avec l’empire chérifien et veut le voir neutre dans sa guerre contre « les insurgés ». On pense alors régler le différend par voie diplomatique. Un jeune diplomate, la trentaine à peine, le comte Mornay, est dépêché auprès de l’empereur chérifien. Il tient à se faire accompagner d’un peintre, Eugène Isabey, qui décline l’invitation. On propose à un jeune peintre, certes talentueux, mais très peu connu, qui voulait parfaire sa formation en Italie : un certain Eugène Delacroix. Le ministère des Affaires étrangères accepte, avec toutefois une condition : le jeune peintre doit prendre à sa charge tous les frais de son séjour. Personne ne pouvait soupçonner que ce voyage aller marquer la peinture orientaliste et hisser Delacroix aux fonts baptismaux. Qui connaît le comte Charles-Edgar de Mornay chef de la délégation hormis les initiés ? De quelle bouche le nom de Delacroix est-il ignoré?
Par Hassan Aourid
La suite de l’article est dans Zamane N°57-58