Plus qu’un simple genre musical, la pratique gnaouie relève surtout d’un état d’esprit mystico-religieux. D’abord marginalisée, la confrérie des gnaoua a acquis petit à petit une stature internationale en grande partie grâce au Festival d’Essaouira. Mais qui sont-ils vraiment ?
Lalla Mira, Allah Allah Ya Moulana… Ces classiques du répertoire gnaoui ne laissent aucun Marocain de marbre. Des rythmes à l’accroche profonde et irrésistible qui génèrent mécaniquement un balancement de la tête ou du pied répondant à l’appel envoûtant des mélodies. Les danseurs aux qraqeb (crotales) et aux costumes haut en couleurs exécutent des mouvements aériens qui renforcent la magie du spectacle. Cette image incomplète dresse les contours d’un folklore qui amuse aujourd’hui les touristes de Marrakech. Au fil du temps, les maâlems (maîtres) gnaoua se sont progressivement délestés de leurs fonctions mystiques pour ne se consacrer qu’au « divertissement » musical. Mais, l’engouement actuel pour les mélodies gnaoua, s’il est une aubaine pour la diffusion d’une riche partie du patrimoine marocain, ne doit pas faire oublier les rites ancestraux, témoins privilégiés d’un passé récent et lointain de l’histoire du Maroc. Une fois n’est pas coutume, les chercheurs ne sont pas d’accord sur l’origine des Gnaoua marocains. La thèse la plus répandue fait état d’un arrivage massif d’esclaves subsahariens pendant le règne de la dynastie Almohade (1120-1269). Ces populations noires étaient prisées pour l’accomplissement de diverses tâches, dont celles liées au bâtiment et à la guerre. De là est d’ailleurs née la tradition d’une garde sultanienne essentiellement composée d’esclaves noirs, moins enclins à se retourner contre le Makhzen. Victimes d’une marginalisation de la part de la société, la majorité de ces populations et leurs descendants se seraient enfermés dans une forme de communautarisme, préservant ainsi leurs coutumes et traditions.
Par Sami Lakmahri
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YEAR 1120 &1269 REALY AKON OF 11 20