Il y a vingt quatre ans éclatait l’affaire Tabet, un des plus grands scandales politico-judiciaires de l’histoire du Maroc. Retour sur une affaire élucidée dans la hâte…
Nous sommes en février 1993. Le Maroc est à la croisée des chemins. À peine débarrassé des douloureuses années de plomb, Hassan II cherche à apaiser le climat social en tentant une ouverture politique envers l’opposition. Si les négociations traînent et ne semblent pas se diriger vers une entente entre les deux camps, les tensions sociales sont à leur paroxysme. Les grèves se succèdent à un rythme quasi quotidien, que ce soit à la Poste, à la Santé ou encore à l’Éducation. Un air de fronde générale semble s’emparer de plusieurs secteurs d’activité. Au même moment, une étrange nouvelle paraît dans la presse nationale : la gendarmerie a procédé, en ce début de février, à une perquisition dans une garçonnière louée par un commissaire principal des Renseignements généraux (RG) à Casablanca. Les Marocains, sidérés, suivront un feuilleton judiciaire inédit où sexe, pouvoir et argent tiennent le haut de l’affiche. L’affaire Tabet vient d’être révélée au grand jour.
Sérial violeur
Lorsque Mohamed Mustapha Tabet, le puissant commissaire de la sûreté de Aïn Sebaâ-Hay Mohammadi, est arrêté au mois de février 1993, ce dernier traîne déjà derrière lui une sulfureuse réputation. Mais jusque-là, les différents services de police de la ville avaient toujours fini par étouffer ses agissements. En 1990, une victime porte plainte devant le tribunal de première instance de Aïn Sebaâ-Hay Mohammadi, contre Haj Tabet. La plainte reste sans suite. Trois ans plus tard, l’impunité qui semblait protéger le puissant commissaire vole en éclat. Le 2 février 1993, deux étudiantes sont séquestrées et violées par Mohamed Tabet dans sa garçonnière située au 36, boulevard Abdellah Ibn Yassine, à Casablanca.
Par Reda Mouhsine
La suite de l’article dans Zamane N°38