L’avènement du XXe siècle est vécu dans la tourmente dans les pays musulmans. Le maréchal Lyautey y voit une occasion pour faire aboutir ses desseins pour le Maroc.
Lyautey qui était ministre de la guerre, quelques mois en 1917, était aux premières loges de l’arène internationale pour savoir que la guerre mondiale allait accoucher d’un monde nouveau, et que la France devait disputer sa place dans le concert des puissances mondiales. A la fin de la guerre, Lyautey, en fin observateur, constata l’effervescence dans le monde musulman. L’Egypte, d’abord, qui n’arrivait pas à se faire entendre à la conférence de Versailles par une délégation (Wafd, en arabe) présidée par Saad Zaghloul. Ce qui déboucha sur la création d’un parti qui porte le nom de Wafd et qui attisera la révolution égyptienne de 1919 contre l’ordre britannique. Le monde musulman est effaré par le traitement réservé à ce qui était l’empire ottoman humilié et dépecé. En Tunisie, le clerc Taalabi, fondateur du Parti doustour, parlait de la communauté des musulmans en nation martyre et les clercs marocains se faisaient l’écho de cette lame de fond. Elle arrivera jusqu’aux crêtes des montagnes du Rif où on scrutait la geste de cet officier dans l’Anatolie lointaine, qui agit encore au nom de l’Islam et qui a gagné le titre de «Ghazi», un certain Mustapha Kemal, chanté et adulé par tout le monde arabe. Pour Lyautey, le contexte ne pouvait être plus propice pour un grand dessein pour la France. Il adresse au président du Conseil, Georges Leygues, une missive le 18 novembre 1920, où il comptait rallier les revendications légitimes d’émancipation et un rôle de la France dans ce nouvel échiquier : «Voici le moment de donner un sérieux coup de barre au point de vue de la politique indigène et de la participation de l’élément musulman aux affaires publiques. Ce n’est pas impunément qu’ont été lancées à travers le monde des formules du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et les idées d’émancipations et d’évolution dans le sens révolutionnaire».
Par Hassan Aourid
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