Beaucoup de ministres ont «régné» sur l’Intérieur depuis 1965. Mais c’est sous Basri, «roi de l’Intérieur» durant 20 ans, et patron des services de renseignements, que le département a définitivement acquis un statut d’épouvantail craint et redouté de tous.
De 1965 à 1972, le Maroc traverse une période délicate. Entre état d’exception et putschs militaires, le pays fonctionne pratiquement sans institutions. Politiquement, nous sommes proches du néant et tout peut basculer à tout moment. Hassan II exerce alors, de facto, une sorte de dictature policière. Il concentre tous les pouvoirs politiques entre ses mains, s’entoure d’un cercle de fidèles filtrés au compte-gouttes et laisse la police traquer l’opposition et faire face à la contestation populaire. Mais il reste fragile. Car l’enlèvement de Ben Barka, en 1965 déjà, fait basculer les jeunes services de sécurité, créés dans l’après-indépendance et remodelés au début des années 1960, dans la clandestinité et plus tard dans le chaos.
Cette période qui court sur sept ou huit ans est terrible. Même pour le roi. Surtout pour le roi. Ce qui est paradoxal pour un roi qui gouverne seul ou presque. Si, sur le papier, Hassan II a tout repris en main, il est en réalité aux abois. Et pour cause ! La démocratie a été fermée comme une maison abandonnée. La police politique multiplie les enlèvements et renforce l’impopularité du régime auprès de la jeunesse, mais elle est, en même temps, victime de luttes fratricides et de règlements de compte entre «amis».
Par Karim Boukhari
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